L’ambition et l’avancement professionnel

Shelley : Il y a énormément de postes, il y a énormément d'occasions de s'épanouir. Il faut juste ne pas avoir peur de prendre le risque de faire quelque chose de différent.
- Effet sonore et musique
Animatrice : Bonjour et bienvenue à Imagine l'enseignement, un balado qui démystifie c'est quoi enseigner à l'élémentaire et au secondaire dans les écoles de langue française en Ontario. Moi, c'est Mylène. Je vous amène avec moi à travers la province pour rencontrer des enseignants passionnés par leur métier. C'est avec eux qu'on va explorer des grandes thématiques de la profession.
Dans cet épisode, on parle d’ambition et d'avancement professionnel. Vous pensez que l’enseignement est une profession linéaire? Bien que ce soit un travail qui offre de la stabilité, il y a tellement d’options pour les gens qui souhaitent avoir une carrière qui bouge! Les possibilités pour occuper différents rôles, toucher à divers sujets et progresser sont pratiquement infinies.

On en discute d’abord avec Sylvain qui s’est tourné vers l’enseignement après avoir débuté sa carrière en coiffure. Le milieu de l’éducation est le terrain de jeu parfait pour exercer son côté innovateur. Il est aujourd’hui Directeur pédagogique dans la région de Windsor.

Sylvain : C'est drôle parce que souvent, on se lance en enseignement, puis on pense souvent que c'est une vocation. Pour moi, ça m'a fait peur parce qu'on se questionne. C'est quoi vraiment une vocation? Je l'ai tu? Donc, je me suis mis en état de réflexion et j'ai réfléchi à ce que je jouais quand j'étais tout petit, sans influence de la société ou de la famille, juste caché dans mon sous-sol... je jouais à l'école. Donc, ça m'a fait revivre certains souvenirs que j'avais comme petit enfant. Ensuite, je suis arrivé à Windsor, je me suis lancé dans mon éducation à moi pour aller vers l'enseignement, pensant vraiment que ce serait pas mal ça. Je me voyais en salle de classe les prochains 20 ans. J'avais déjà 33 ans. Je me suis dit, ça va être une belle carrière, c'est parfait. Ça n’a pas pris trop de temps, par contre, que j'ai vu beaucoup d'opportunités de faire d'autres choses. L'énergie en moi de vouloir toujours améliorer quand je vois quelque chose qui ne va pas trop bien ou quand j'ai des idées et de bâtir mes relations avec d'autres directions, des surintendants, de gagner la confiance et les conversations, de dire « J'ai une idée de projet. » L'initiative, personnelle et professionnelle aussi, m'a beaucoup guidé et aidé, parce que si on me proposait un projet, je le menais à fond et je doublais les bouchées pour voir comment plus loin qu'on peut aller. Parce que j'y croyais. J'aime beaucoup l'innovation. Donc de rester dans le statu quo et de répéter la même chose, pour moi, ça ne marche pas.

Animatrice : Des idées de projets, ce n’est pas ce qui manque chez Julie – une enseignante au secondaire à Ottawa qui en est, elle aussi, à une 2e carrière!
Julie : Je suis chanceuse. Je pense que je suis bien tombée. Dans notre conseil scolaire, dans le fond, on a la possibilité de faire des offres de services pour des programmes spéciaux. Les programmes Focus, c'est des programmes de 11ème et 12ème année qui permettent aux jeunes de vivre une exploration de carrière de façon intensive pendant un semestre. Ce qui m'a amenée là, c'est que j'ai fait la proposition d'un programme, puis ils ont vu... Dans le fond, ils regardent mon expertise, puis le curriculum vitae, l'expérience que j'ai eue auparavant. Nous, on a une quinzaine de thèmes pour des programmes Focus. Construction, cuisine, auteurs-illustrateurs, mode et design, soins vétérinaires, soins de santé. Il y a une quinzaine de thèmes et chacun de ces enseignants-là ont déjà une carrière précédemment dans un domaine respectif.

Animatrice : Fatima est conseillère pédagogique pour le Conseil scolaire Viamonde. Elle accompagne entre autres les enseignants en début de carrière. On a discuté des diverses possibilités d’emploi dans le monde de l’éducation en Ontario, que ce soit par exemple dans les Conseils scolaires ou à l’Office de la qualité et de la responsabilité en éducation, qu’on appelle communément l’OQRE.
Fatima :
On n'est pas forcément ancrée à la salle de classe. Tu peux devenir accompagnateur, tu peux devenir conseiller pédagogique. Après un certain nombre d’années dans la salle de classe tu peux devenir direction d'école, tu peux devenir direction des services, tu peux travailler au ministère. Là, on a beaucoup de prêt de services qui est fait. On peut travailler au ministère pendant deux ou trois ans. On peut travailler à l'OQRE. On peut travailler pour des organismes en éducation on peut même travailler pour des entreprises privées qui créent des ressources pédagogiques. On a énormément d'enseignants qui ont créé même leur propre entreprise, qui créent des ressources pédagogiques. Ce qui est bien avec l'éducation au Canada, c'est qu'il ne faut jamais se limiter. Moi, je me dis à chaque fois que le ciel est la limite, tout est possible.
Animatrice : Shelley abonde dans le même sens. Elle occupe présentement le poste de directrice des services pédagogiques à l'élémentaire. Je lui ai d’ailleurs demandé de nous expliquer un peu son rôle.
Shelley : Une direction des services c'est quelqu'un qui vraiment voit à la mise en œuvre des programmes d'enseignement, c'est-à-dire les programmes-cadres, mais c'est aussi quelqu'un qui assure la mise en œuvre des programmes et des services d'un conseil scolaire. Pour moi, ma personnalité fait en sorte que je ne peux pas faire la même chose pour plus de quatre ans. Je pense que c'est une bonne idée de s'aventurer et travailler dans différentes écoles, dans différents postes. Et peut-être, tu vas voir qu'il y a quelque chose que tu n'aurais jamais imaginé et c'est ton emploi de rêve, ça le devient. Donc, il ne faut pas avoir peur d'aller chercher ces expériences- là. Et il n'y a rien qui est permanent. Donc, si tu n'aimes pas ça, tu peux retourner à ton poste.
Éric : Donc moi je suis un exemple d'un enseignant qui a enseigné cinq ans. Devenu conseiller pédagogique, j'ai fait une thèse de maîtrise, je suis devenu direction d'école, direction de service pis là maintenant je suis chez TFO. Donc oui, il y a toujours une possibilité de développer ton leadership puis d'aller dans des postes soit un peu plus spécialisés, comme conseiller pédagogique où est-ce que tu vas vraiment approfondir un domaine d'expertise. Oui, il y a la salle de classe, mais il y a, il y a des entités comme le Centre Franco, des entités comme le CLÉ, des entités comme TFO qui embauchent des pédagogues pour développer du contenu par et pour les francophones. Donc non, ce n’est pas... moi je ne vois pas ça comme étant fermé. Mais en règle générale, les gens qui œuvrent en enseignement et qui ont du succès en enseignement, moi je vois plutôt le contraire. C'est des gens qui adorent tellement la salle de classe qu'ils ont peur de s'ennuyer de la salle de classe. Et il y en a plusieurs qui ont essayé même de faire le saut à la direction ou dans un poste à l'extérieur de la salle de classe, comme en orientation ou en enseignement ressource. Puis ils ont fait un an, ils ont dit non je m'ennuie trop de mes élèves. Donc tu sais, on voit vraiment les deux.
Animatrice : Et justement... comme Éric vient de le dire, il y a beaucoup d’enseignantes et enseignants qui font une belle longue carrière en salle de classe! Et c’est loin d’être monotone. Julie Lauzon est entrée dans la profession à l’âge de 22 ans et elle enseigne toujours aujourd’hui. La salle de classe c’est son élément!
Julie. : J'avais songé de devenir conseillère pédagogique pour justement partager avec les nouveaux enseignants tout ce que j'ai vécu et tout ce que j'ai tout, mais ce n’est pas arrivé. À un moment donné dans ma carrière, je pensais que je voulais aller en direction, mais non, parce que la salle de classe m'interpellait beaucoup trop. C'est là où je suis, c'est là où je devrais être. Oui, non c'est ça.
Animatrice : Quand on parle de cheminement de carrière, on pense évidemment au salaire. Qu’en est-il de l’échelle salariale en enseignement?
Julie : Il y a quatre niveaux de compétences. Le quatrième niveau, c'est avec une scolarité qui est assez complète, puis avec une formation supplémentaire, par exemple, une spécialité. Ici, en Ontario, on peut aller chercher un spécialiste, c'est trois cours supplémentaires. Par exemple, en enfance en difficulté, on fait partie 1 jusqu'à partie 3 et là, on peut aller obtenir une cote de plus. Ça fonctionne avec des crédits. Il y a un organisme qui encadre tout ça pour nous donner vraiment la bonne cote de qualification. Et on va toper à 12 années pour la plupart des conseils. Puis là, on tourne autour du 99 000$ - 100 000$. Et là, c'est sûr que, après 12 ans... 12 ans, c'est quand même jeune dans une carrière. Puis bon, côté fonds de pension, c'est un des meilleurs fonds de pension qui existent en Amérique du Nord. C'est sûr que si on va dans les postes de gestion là on peut monter, on a juste à regarder la Sunshine list. Il y a beaucoup de personnel qui vient du milieu de l'éducation qui est sur cette liste-là.
Puis ce salaire-là, il faut comprendre qu'il n'est pas basé sur 12 mois, mais est basé sur 10 mois. La plupart des enseignants vont faire le choix d'étaler leurs paies sur 12 mois pour avoir une paie récurrente durant l'été, mais c'est un salaire qui est basé sur 10 mois de travail. Libre à vous de faire ce que vous voulez durant l'été. Moi, je connais des enseignants qui gèrent une autre business, qui ont d'autres choses à côté.
Animatrice : Donc oui, le domaine de l’éducation offre de vraiment belles occasions professionnelles. Mais l’enseignement touche aussi à un autre type d’ambition, celle de faire une différence.

Frédéric a commencé sa carrière dans le domaine en tant qu’animateur culturel avant de se tourner vers l’enseignement. Pour lui, s’impliquer dans les activités parascolaires est un moyen de contribuer à offrir une expérience positive à ses élèves.

Frédéric : Une chose dont on n'a pas parlé encore, mais tout l'aspect parascolaire, il y en a plusieurs qui entraînent des équipes sportives, qui entraînent la troupe de théâtre, la troupe d'impro, ces choses-là. Ça, c'est quelque chose qui est une super belle partie de la job d'enseignant, il y en a qui entraînent des équipes sportives, qui les amènent à des championnats provinciaux, puis qui vivent des expériences absolument fantastiques avec les élèves. Il y a beaucoup de place en dehors de la salle de classe pour vivre des expériences positives avec les élèves. Ça, c'est un aspect vraiment clé de l'éducation, je pense.
Si on y repense nous-mêmes à notre secondaire, on ne se rappellera pas nécessairement de ce que j'ai appris dans tel cours ou tel cours, mais tu vas te rappeler des expériences que tu as vécues, de ton tournoi d'impro, de ton tournoi de basket-ball, de ce que tu as fait.

Shelley : Tu décides ce que tu veux faire et tu décides de ce qui va te rendre le plus heureux. Mais il ne faudrait pas accepter un poste juste parce que c'est facile. Il faut vraiment s'assurer que c'est ce qu'on veut pour les bonnes raisons. Parce qu'au bout de ligne, on a des enfants qui dépendent de nous et ça se voit. Un enseignant qui n'est pas engagé, qui ne veut pas être là, ça se sent, ça se voit. Donc, il faut absolument que les élèves ressentent que Monsieur ou Madame veut être ici et est ici pour moi. Je pense que ça fait toute la différence pour nos élèves.

Animatrice : En enseignement comme dans n’importe quelle carrière, on doit tailler notre place et les occasions de monter sont présentes si le désir de le faire y est. Alors que plusieurs enseignants se sentent sur leur X dans la salle de classe avec les élèves, d’autres l’utilisent comme un tremplin.
On en vient finalement à constater que l’ambition a une place de choix dans la carrière d’enseignant. Que ce soit de faire la différence dans le système d’éducation, de multiplier les différentes occasions de se développer ou d’avoir un impact concret sur la vie des gens de notre communauté.
Un grand merci aux deux Julie, à Éric, Shelly, Fatima, Frédéric et Sylvain d’avoir partagé avec nous leur passion pour l’enseignement à travers de ce balado. Merci également à tout le monde à l’écoute, on se dit à bientôt pour le prochain épisode de Imagine l’enseignement. Salut!

Ce balado est une production de l’Université d’Ottawa et découle de la stratégie ontarienne de recrutement et de rétention du personnel enseignant de langue française.

Ce projet est rendu possible grâce à l’appui financier du Gouvernement du Canada et du Gouvernement de l’Ontario dans le cadre de l’Entente Canada-Ontario. Merci!

L’ambition et l’avancement professionnel
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