La créativité et la liberté en salle de classe

Enseigner, c'est créer comme il
faut, que tu sois tellement créatif.

Bienvenue à Imagine l'enseignement, un

balado qui démystifie ce que c'est
d'enseigner à l'élémentaire et au

secondaire dans les écoles de
langue française en Ontario.

Moi, c'est Mylène et je vous amène avec
moi à travers la province pour rencontrer

des enseignants passionnés
par leur métier.

C'est avec eux qu'on va explorer des
grandes thématiques de la profession.

Dans cet épisode, on parle
de créativité et de liberté.

En salle de classe.
On pourrait penser à tort qu'enseigner

c'est un travail routinier dicté
par un curriculum rigoureux.

Ce qu'on s'apprête à voir, en fait,
c'est complètement le contraire.

J'ai commencé par demander à Sylvain, qui
est directeur des services pédagogiques

dans un conseil scolaire de
Windsor, C'est quoi un curriculum?

Le mot est un peu interchangeable.

On entend
« programme cadre », on entend « curriculum », c'est quoi?

Le nom officiel en
Ontario, c'est le « programme cadre ».

Chaque cours va avoir ses
attentes et ses contenus.

Donc, les attentes sont mesurables, c'est ce qu'on évalue.

Les contenus sont des pistes pour se rendre et pour guider vers les attentes. Parce que oui, tu as ton programme cadre, c'est tes grandes lignes, mais tu as beaucoup de place à la créativité là-dedans et à mettre ton grain de sel et ce qui te ressemble aussi.
Allons voir concrètement ce que ça veut

dire pour Julie, une
enseignante au secondaire.

Ce qui est intéressant, c'est qu'on est

redevable envers le ministère de
l'Éducation, on a un programme à suivre.

Oui, il faut suivre ces indications-là,
mais c'est une attente d'apprentissage.

Le cheminement pour y
parvenir nous appartient.

On a la possibilité d'avoir une belle
autonomie dans le cadre de notre travail.

Écoutons maintenant Louis et Martin, deux
enseignants en art de la région d'Ottawa

qui nous permettent de
bien visualiser le concept.

Le curriculum, pour moi,
c'est une pâte à modeler.

Cette pâte à modeler-là en
fait, on peut la sculpter.

En fait, c'est des propositions.

Les propositions, c'est des couleurs.

On peut faire un amalgame de ces couleurs-

là, on peut la sculpter comme on veut,
mais ça reste aussi des propositions.

Par la suite, en fait, toi tu
construis selon tes intérêts.

T'arrives dans une école ou dans une

province, c'est sûr qu'il y a
toujours un curriculum à suivre.

J'ai rencontré un enseignant qui m'a dit

« le curriculum, c'est : tu regardes les yeux de tes élèves, et si les élèves sont intéressés, sont passionnés, that’s it, il est là ton curriculum. »
Allons rencontrer Célina Timmins, qui est

soudeuse de profession et qui enseigne
maintenant son métier aux jeunes.

Vous remarquerez qu'elle arrive avec de

nouvelles idées et s'ajuste
selon les besoins de ses élèves.

Mes cours sont créatifs parce que
moi, j'utilise moi-même comme exemple.

Une année, je vais faire un certain projet

avec eux autres, mais l'année prochaine,
c'est quelque chose de différent.

Habituellement, je fais comme une

démonstration d'un projet, puis je dis
« Guys, vous avez le choix de ce projet ou le projet ici. »

Puis voici les étapes de
chacun, puis tu peux choisir.

Aussi, ça dépend avec le groupe, mais je

donne le privilège de faire comme un
projet personnel qui est raisonnable.

Mais ça donne
d’utiliser la pensée critique, créer quelque chose.

Le curriculum, c'est alors un guide.

On l'utilise comme base pour créer du

contenu intéressant pour les élèves
et même du contenu qui nous ressemble.

À ce sujet, écoutons Anissa de la région

de Toronto qui nous explique comment elle
est partie de quelque chose qui lui tenait

à cœur depuis longtemps pour
enseigner le curriculum.

Moi, quand j'étais à l'école,
au secondaire, j'ai traversé une crise

d'adolescence qui était
absolument épouvantable.

Et puis je ne voyais pas - je ne voyais
pas l'utilité de ce que je faisais.

Je voyais pas l'utilité
de ce que j'apprenais.

Oui, j'étais assise en
train de faire des maths.

Oui, j'étais assise en

train de faire la physique, chimie,
mais je ne voyais pas l'utilité.

Puis ça m'énervait.

Quand je suis devenue prof, j'avais
envie qu'ils comprennent ça.

J'avais envie qu'ils comprennent que
: vos cahiers, là, c'est bien, vos

feuilles, c'est bien, mais on va pousser
ça, on va prendre du matériel de

manipulation, puis on
va voir à quoi ça sert.

Ça, on peut le faire
dès la première année.

À quoi ça sert ?

Quand t'es prof, il faut que tu sortes de

ta zone de confort tout le temps, parce
que t'as 25 élèves en face de toi.

Tu as 25 intérêts différents.

Donc, il faut que tu sors de ta zone de

confort,
il faut que t'apprennes des nouvelles choses,

il faut que tu apprennes
surtout avec la technologie,

Il faut que j'apprenne à
utiliser de nouvelles machines.

Il ne faut pas que tu
aies peur de faire ça.

Je vais avoir des élèves de première année ou... « Tu sais quoi? J'aime bien les sciences. J'aime bien le codage. »

« Viens, on va monter un film. » Je vais
me débrouiller pour prendre les attentes

du curriculum et les mettre dedans,
mais je vais te montrer à quoi ça sert.

« Viens, on va sortir de la salle des classes. Viens, on va aller à l'extérieur dans la cour de récréation, on va faire cours à l'extérieur parce qu'on va découvrir des choses. »

Mon rôle et pas juste les laisser comme
ça, aller se balader, mais mon rôle est de

structurer ça et de le
ramener au curriculum.

Maintenant, Fatima de Toronto, qui

enseigne à l'élémentaire, nous explique
comment sa créativité et son dynamisme lui

permettent de s'adapter
aux besoins de sa classe.

J'avais une année, une salle de classe,

j'avais majorité de garçons,
ils aimaient que bouger.

Et en fait j'ai dû aménager ma salle de

classe pour eux, ils ne pouvaient
pas s'asseoir sur une chaise.

Donc, j'ai dû coller des choses par terre

pour qu'ils fassent des
mathématiques sur le sol.

Mes murs, ils étaient en train de
toucher les murs pour apprendre à lire.

J'avais une marelle au sol pour
apprendre à sauter pour compter.

Donc, il faut vraiment se donner l'état

d'esprit : comment ma
classe va fonctionner?

Il faut vraiment se dire ce qui va

fonctionner pour mes élèves
va me faciliter ma journée.

S'adapter, ok.

Et jusqu'où on peut sortir du cadre?

Je disais à mes élèves, aujourd'hui, o
n va passer une journée bien être.

Le curriculum
vient d'être enseigné, on n'est pas en retard.

On va décider de passer une

journée bien-être. Donc, on va lire, on va
écouter de la musique relaxante, on va

écouter des podcasts, puis, on
va apprendre un petit peu aussi.

On peut toujours introduire des activités
de curriculum dans ces activités là,

mais on n'a pas besoin de
toujours courir après le temps.

Donc, on s'arrête, on fait des pauses et

on décide de faire une marche dans
la cour et puis ça se passe bien.

On voit bien qu'enseigner c'est une

profession où il y a plein
de place pour la créativité.

Maintenant, il faut savoir
gérer toute cette liberté.

Comment on fait pour planifier tout ça ?

Il y a des attentes de
planification, c'est certain.

Ça fait partie du travail.

C'est dans la loi sur l'éducation,

l'enseignant est là pour
enseigner, évaluer et planifier.

La planification est à la base, tu ne peux
pas rentrer dans une salle de classe puis

faire semblant de
« aujourd'hui, j'enseigne ça. Je verrai où je veux aller avec. »

Julie enseigne à Longlac depuis maintenant

26 ans et elle est toujours
aussi passionnée par son métier.

Elle nous partage d'ailleurs son avis
sur l'importance de la préparation.

C'est le gros de
l'enseignement, se préparer.

Quand tu est bien préparer, ça va bien
dans ta classe. Là, tu peux tweaker ta

façon de faire ta gestion
de salle de classe.

Les jeunes ados, même si on pense qu'ils

n'aiment pas ça, ils aiment la
structure, que ça soit super structuré.

Moi, les jeunes le savent, mon plan de
cours, il est au tableau, ils savent

qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui, ils
savent ce qu'est-ce qui est en devoir,

quelles sont mes attentes, on repasse les
comportements appropriés, inappropriés.

Dès qu'ils arrivent, je suis à la porte
« bonjour ».

Des fois, j'ai de la musique qui joue.

Les jeunes veulent, on pense souvent « ils sont lâches »,

mais, les jeunes veulent ils ont besoin
d'être stimulés, ils ont besoin des défis.

Ça, c'est ma partie préférée
d'enseigner, c'est créer.

Créer les leçons, créer des évaluations.

Ce que j'aime moins, c'est la correction.

Mais c'est un aspect important parce que c'est là où est-ce que tu guides ton élève pour s'améliorer.

Je trouve qu'il y a eu beaucoup beaucoup de moments, d'occasions pour être créatifs dans l'enseignement, énormément.

J'ai un objectif, un objectif qui
est un contenu d'apprentissage.

Et ensuite de là, je me pose la question

« qu'est-ce qui serait intéressant? »
Je veux vraiment que mes jeunes s'amusent

et qu'il y ait du plaisir
à venir en classe.

Donc, je vais m'efforcer de créer des

mises en situation qui
vont susciter un intérêt.

Mon objectif, c'est

« est-ce que le cours, est-ce que la journée est intéressante? »
et souvent prendre le pouls?

Je fais souvent des sondages anonymes avec

mes jeunes, puis je leur demande
« Qu'est-ce que tu as apprécié dans l'unité? Qu'est-ce que tu as moins apprécié? Qu'est-ce que je pourrais faire pour m'améliorer? »

Et j'essaie de m'ajuster
au mieux possible.

C'est plus comme ça que
je vois la planification.

Et ensuite, c'est grâce aux projets, puis
aux idées des jeunes que la routine va

s'évaporer, et qu'on va avoir
du plaisir en salle de classe.

Moi, j'ai de la difficulté à être assis

pendant 75 minute, donc, je m'imagine
les élèves qui ont de la difficulté.

Ce que je remarque, pour moi, un grand
indicateur, deux choses :

quand j'ai beaucoup d'élèves qui me
demandent d'aller aux toilettes, qui

veulent sortir de la salle de classe,
ça veut dire que c'est plate, un.

Deux, c'est quand ils me disent
« Oh my God, Madame, il reste juste 10 minutes au cours. »

Ça, ça veut dire que ça passé vite,
puis qu'ils ont eu du plaisir.

Donc, j'essaie toujours de structurer mon

cours dans des petits
blocs de 15-20 minutes.

J'ai même - J'avais un groupe cette

année, on a fait de la méditation dans le
milieu du cours, on faisait dix minutes de

méditation guidée parce
que c'était un groupe...

je les avais à la période 4...

wow j'ai dit

« Madame en a besoin autant que vous autres, ok guys? »
Ça a été assez bien.

Au début, c'était rigolo, t'essaies plein
de choses et il y a des groupes, ça va

fonctionner, puis il y en a
d'autres, ça fonctionne pas.

J'ai pensé à mes questions avant et à la
façon que je vais les formuler, même où

est-ce que je vais me placer
dans la salle de classe.

Il y a tous ces petits trucs-là qui
peuvent être réfléchis avant, qui

soulagent ton travail de livraison
de la marchandise en salle de classe.

Surtout le questionnement.

Si tu veux t'attarder à un concept
mathématique ou géographique ou peu

importe, c'est beau

« Voici ce que je vais traiter aujourd'hui. Voici comment je vais y arriver. Voici les questions que je vais poser. » Parce que si tu arrives en salle de classe et tu finis ta présentation et tu dis aux élèves « Avez- vous des questions? »

Il n'y a pas des réponse, Il n'y a pas
une question, il n'y a pas de main levée.

Tu es content s'ils sont pas endormis.

Warda enseigne la
maternelle jardin à Milton.

Elle nous donne son point
de vue sur la routine.

C'est pas du tout monotone.

Chaque année on change.

Il y a une dynamique à chaque fois qui est

différente avec tes élèves, parce qu'il y
a des personnalités qui sont différents.

Moi je sais que c'est une profession super

intéressante à exploré
si tu aimes les défis.

C'est vraiment toi qui crée ta profession,
c'est vraiment toi qui crée ton métier.

Tu as énormément de liberté.

Les opinions sont unanimes : enseigner

c'est bel et bien une profession créative
qui vient avec un grand degré de liberté

et qui doit être encadré par une
structure et une bonne planification!

Un merci tout spécial à : Sylvain, Julie,

Louis, Célina, Martin, Éric, Anissa,
Fatima, Julie et Warda, nos profs experts

qui ont gentiment accepté notre
invitation à participer à ce balado.

Voilà, je vous dis à bientôt
pour un autre épisode.

Imagine l'enseignement.

Ce balado est une production de

l'Université d'Ottawa et découle de la
stratégie ontarienne de recrutement et de

rétention du personnel
enseignant de langue française.

Ce projet est rendu possible grâce à

l'appui financier du gouvernement du
Canada et du gouvernement de l'Ontario

dans le cadre de
l'Entente Canada, Ontario.

Merci.

La créativité et la liberté en salle de classe
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